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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

leurs ; elle fait partie de cette petite chaîne de montagnes que le forban a indiquée sur son topo.

Krühl changea de direction et coupa droit dans les herbes à sa gauche. Tout le monde le suivit.

Eliasar jurait en se tordant les pieds dans les fondrières. Heresa, les lèvres serrées, suivait Krühl comme un basset dans les jambes de son maître.

― Demain, nous descendrons avec les cochons, cria Krühl en s’épongeant le front.

On sortit enfin des hautes herbes et l’on s’engagea dans un raidillon tapissé de pierres croulantes qui bordaient une série compliquée de fondrières habilement dissimulées sous des lianes traîtresses et peu solides.

― Bon Dieu ! hurla Krühl à moitié enfoui dans un de ces trous.

― Quelle vie ! gémit Eliasar, puis il ajouta avec un soupçon d’amertume dans la voix : Dites donc, mon cher, savez-vous que les cailloux me paraissent constituer la principale richesse de ce pays ?

On atteignit, en s’aidant des mains et des genoux, le sommet de la colline.

Heresa jeta sur Eliasar un regard sans cordialité. Krühl infatigable courut sur la crête. Sa grande silhouette se découpait en noir dans la lumière aveuglante du soleil.

― Bon sang de bon sang, cria-t-il, on ne