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LA CAVERNE DES BOÎTES À SARDINES

voit rien. Nous sommes à la lisière d’un bois. Il faut le traverser.

Eliasar et Joaquin Heresa étaient sur ses talons.

― Bien entendu, fit le capitaine, c’est cé maudit bois qui a gagné du terrain vers l’ouest. » Il regarda sa carte, frappa dessus avec sa main : « Naturellement ! Le Champignon sé trouve maintenant sous bois, nous lé découvrirons en nous frayant un passage vers l’ouest.

― Alors on explore le bois tout de suite ? interrogea Eliasar dont la poitrine palpitait comme les flancs d’une bête traquée.

― Oui, oui, insista Krühl. Cherchons le Champignon, il faut trouver le Champignon avant de rentrer à bord. Demain en partant de ce point nous poursuivrons nos recherches, avec un peu plus de chances de notre côté. Trouvons le Champignon et je me charge de tout.

On s’enfonça sous bois et la nature put donner libre cours à la gaîté mystificatrice de sa fantaisie.

Krühl jurait à chaque branche qui le giflait en pleine face. Heresa, furieux de la tournure que prenait la promenade, serrait les lèvres pour ne pas adresser à Eliasar, sur un ton qu’il pressentait peu décent, les félicitations dont il se reconnaissait le droit d’user.

Au bout d’une heure de marche, extrêmement pénible, les six hommes s’arrêtèrent sous une