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LE CHINOIS

jambes pendaient comme deux bâtons sanglants et la peau de son ventre, rabattue soigneusement ainsi qu’un tablier, couvrait ses genoux.

Autour du gibet où le supplicié était accroché, des oisifs appréciaient la beauté du travail. Un homme, correctement vêtu d’une robe noire, choisissait des couteaux dans une trousse. Sa figure bienveillante était celle d’un équarrisseur consciencieux.

― Alors ? fit Krühl en passant les photos à Eliasar.

― Rendez-moi ces photographies, dit Oliine. Je serais désolé de les perdre. Cet homme que vous voyez dans le coin, choisissant les instruments de supplice, c’est lui.

― C’est un bourreau ? interrogea Krühl.

― Naturellement, répondit Oliine.

― Pourquoi vous a-t-il enfermé dans cette île… Une vengeance, sans doute ?

― Non. Il recrute comme il peut des sujets pour ses élèves, et comme les volontaires sont plutôt rares, il prend de force les patients destinés à ses disciples, durant leurs années d’apprentissage dans son collège.

― Je comprends… alors si nous n’étions pas venus ?

― J’aurais eu toutes les chances de mon côté pour figurer dans un avenir peut-être peu éloigné à la place du sinistre inconnu dont vous avez l’image sur cette photo. Le nègre de la caverne a,