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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

quelques douzaines d’individus comme le nègre, l’Annamite, moi et vous, si vous ne vous hâtez pas de foutre le camp de cette île, il les dépose au pied de la caverne que vous avez visitée avec des provisions pour s’entretenir l’estomac pendant cinq ans. Quand il a besoin de monde, il vient choisir dans sa réserve. Il est venu l’année dernière et a emmené une dizaine d’hommes avec lui, dont un petit Portugais, assez instruit, le pauvre enfant. Il y a quinze jours que je possède la clef du mystère. Les autres accueillaient le Chinois comme un sauveur et montaient dans le vapeur gris perle en sautant comme de pauvres idiots. Quand j’ai su la vérité, à la faveur d’un mouvement de sympathie du fumeur d’opium, j’ai failli perdre ma lucidité d’esprit. Lorsque vous m’avez trouvé les pieds dans le ruisseau, je composais des vers, ce qui prouve surabondamment que le calme est revenu : Cette phrase se trouve intégralement dans les œuvres de Nicolas Gogol.

Oliine dormait, couché sur un lit de feuilles sèches, devant l’entrée de la tente où reposait Conchita. Krühl, Eliasar et le capitaine, assis dans l’herbe, fumaient méthodiquement, en commentant pour eux-mêmes l’histoire d’Oliine. Ils appréciaient la personnalité du Chinois selon la puissance de leur imagination.