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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

Krühl pensait rencontrer à proximité d’un rocher moussu affectant vaguement la forme d’un champignon.

À midi, les chasseurs rentrèrent les mains vides. Eliasar, sombre et préoccupé, se livrait par instants à des accès de gaieté un peu forcée. Krühl, énervé et méfiant, bouscula la table et souleva la natte qui fermait l’entrée de la tente.

― Où est Chita ? Chita n’est pas là, bon Dieu ! Il se tourna vers Bébé-Salé : « Je t’avais dit, de ne pas la laisser s’éloigner, vieil imbécile ! »

Il siffla plusieurs fois. Personne ne répondit à son appel. Il examina le Russe qui, les mains dans les poches de son veston trop large, contemplait cette scène avec complaisance.

― Vous ne l’avez pas vue, vous ? lui demanda le Hollandais avec rudesse.

― Je crois que Madame est partie se promener dans cette direction. Il n’y a pas plus d’une demi-heure.

Krühl prit sa canne et remonta le sentier frayé dans les hautes herbes vers la direction de la caverne des boîtes de sardines.

Heresa adressa un signe de tête à Eliasar qui sauta sur ses pieds et s’élança sur les traces du Hollandais. Les deux hommes arrivèrent ensemble devant la pierre plate à proximité de la caverne et le spectacle qu’ils aperçurent les cloua sur place pendant quelques secondes.