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LE HOLLANDAIS

suite. J’ai fait meubler la petite chambre du haut, celle qui donne sur la jetée. Vous serez très bien. M. Caneton disait que c’était la chambre la plus agréable de l’hôtel.

― Caneton disait cela, ronchonna Pointe, parce qu’il n’y habitait pas. Enfin madame Plœdac, vous pouvez disposer de la chambre. Je suis très heureux de vous rendre service, mais n’essayez pas de me faire prendre des vessies pour des lanternes. Je ne suis pas débarqué ici avec le dernier wagon de pommes. La chambre que vous m’offrez, en l’agrémentant d’une roue en osier, pourrait convenir à un écureuil. Meublée également d’un perchoir, elle pourrait convenir à un perroquet misanthrope. Mais n’allez pas me dire que les clients se battent pour l’occuper. Prenez ma chambre, donnez-la à votre greluchon et considérez que je vous rends service.

Mme Plœdac tortilla le coin de son tablier et s’empressa de disposer les couverts sur la table.

Krühl, le nez mobile, furetait dans la cuisine.

― Bouh ! bouh ! peuh ! Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? demanda-t-il en flairant la marmite.

― Allez vous asseoir, vous le saurez tout à l’heure, riposta Adrienne.

― Ce que tu ne sauras jamais, c’est faire de la bonne cuisine, déclara Krühl ! As-tu acheté du lait pour Rackam ? Où est donc cet animal ténébreux ?

Il appela Rackam : « Viens, mon Rackam. »