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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

― J’ai bien envie d’aller passer cinq ou six jours à Lorient, dit Eliasar d’un air détaché. Venez-vous avec moi, Krühl, cette promenade vous changera les idées.

― Non, merci, mais j’ai la flemme de sortir. D’ailleurs, je connais Lorient comme ma poche, et je n’ai rien à faire dans cette ville. J’ai le cafard en ce moment.

― Justement, c’est un remède.

― N’insistez pas, mon vieux.

C’était tout justement ce qu’Eliasar désirait.

― Alors je partirai demain matin. On prend le train à Quimperlé, n’est-ce pas ?

Krühl lui donna tous les renseignements. Mme Plœdac sortit l’indicateur des trains. On chercha des combinaisons. Pointe donna son avis. Eliasar écoutait avec patience.

Le lendemain, vers sept heures du matin, Samuel Eliasar, sans valise et les mains dans les poches, prenait un billet de troisième classe pour Paris.

Ce qu’il fit dans Paris restera probablement un mystère pour tout le monde.

Doué d’une activité prodigieuse, on le vit dans une petite rue de Montmartre, chez un vieux peintre, habile dans les contrefaçons des tableaux du XVIIIe siècle. On le rencontra également