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VI

LE LIVRE DE LA FORTUNE


― Vous savez, madame Plœdac, déclara Eliasar, je suis content d’être rentré. Les voyages ne me tentent pas, surtout dans ces conditions. Le train de Quimperlé a battu tous les records de la lenteur. J’ai donc raté ma correspondance. À part les filles de Lorient qui ont de bien jolis bonnets, la ville n’offre aucun intérêt. Il est vrai que j’y allais pour faire quelques emplettes. J’ai cherché partout un ciré, je n’en ai pas trouvé à ma taille. Mais les filles de Lorient, madame Plœdac, portent de bien jolis bonnets.

― Ça donne l’air effronté, répondit Mme Plœdac.

On entendit dans l’escalier les pas de Krühl et de Pointe qui descendaient en se chamaillant.

― Mais non, mais non, disait Krühl, tu veux faire ceci, tu veux faire cela, en réalité tu n’as pas touché un pinceau depuis l’été de 1912, quand tu as vendu une toile à Winnie. Ce que je t’en dis… n’est-ce pas…

― Ah ! voilà le voyageur, chanta Pointe en