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LE LIVRE DE LA FORTUNE.

Il tourna quelques pages. « C’est assez rigolo tout de même », dit-il.

― Quoi, quoi ? fit Krühl, qu’est-ce que c’est, mon vieux.

― Je ne sais pas, car je ne lis pas l’anglais, mais la première page est tout au moins amusante. Regardez vous-même.

Il passa le petit livre à Krühl qui l’ouvrit, le feuilleta page par page en allongeant une lippe qui témoignait de l’intérêt prodigieux qu’il prenait à cet examen.

― Bouh ! bouh ! peuh ! Hé ! hé ! mon vieux, mon petit vieux, mon petit saligouillard. Hé, mais… hé… mais…

― Il ne faut pas vous trouver mal ! plaisanta Eliasar.

― Savez-vous que, mon cher… c’est très… très… intéressant…

Il bouscula un rouet et, tendant le livre à Mme  Gadec :

― Combien cette saleté ?

― Oh ! mais c’est un beau livre, et ancien, monsieur Krühl, déclara Mme  Gadec qui n’avait pas regardé l’ouvrage. C’est sûrement un des livres que j’ai achetés la semaine dernière à monsieur le baron. Vous savez bien qui je veux dire. Oh ! c’est un beau livre.

― Mais non, mais non, n’exagérez pas, madame Gadec, ce n’est pas un beau livre, c’est un vieux carnet de blanchisseuse probable-