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VIII

LA MISE AU POINT DE L’AVENTURE


Pendant toute la semaine qui suivit la découverte du précieux document, Krühl fut inabordable. Il passait ses jours et ses nuits à contempler des notes, à feuilleter des livres, à couvrir de chiffres des cahiers d’écolier.

Un atlas ouvert en permanence sur sa table de travail étalait une carte des Antilles couverte de marques au crayon bleu et au crayon rouge.

Désiré Pointe, ignorant les motifs qui décuplaient l’activité de Krühl, haussait les épaules et se confiait à Eliasar.

― Je ne l’ai jamais vu dans cet état. Un pur, mon vieux, vous verrez ce que je vous dis, il deviendra fou et on l’emmènera à l’hospice de Quimper, ficelé comme un cervelas, dans la charrette du boucher. En ce moment le gars est en train de naviguer, quelque part, probablement dans la mer des Antilles, car c’est là son cafard. Demain il nous affirmera que c’est arrivé. Tenez, vous allez le voir.

Désiré Pointe rabattit son feutre sur ses yeux