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Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/237

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— Venez me voir, lui dis-je ; je tâcherai de vous trouver quelque chose,

Un sourire magnifique entr’ouvrit ses lèvres.

— Vous n’êtes pas le premier qui me promet quelque chose, et sans doute, vous ne serez pas le dernier qui ne fera rien pour moi. Du reste, à quoi bon ? Est-ce que je demande autre chose que de l’argent ? De l’argent, oui ; il faut bien manger, et les gargotes ne font pas crédit. Les fruitières non plus. Un rien du tout, deux sous de cruchade, il faut tout payer au comptant. Un enfer, quoi !… Un enfer, mon… j’allais dire mon ami… Un enfer de tous les diables ! Tenez, je n’ai pas encore déjeuné.

— Non ?

— Non ; je suis sorti de très bonne heure de chez moi. Savez-vous où je demeure ? Sur la troisième marche de l’église de S. Francisco, à droite, en montant. Pas besoin de frapper à la porte. L’appartement est on ne peut plus frais. Eh bien ! je suis sorti de bonne heure, et je suis à jeun…

Je tirai mon porte-monnaie, j’y pris un billet de cinq milreis, — le moins propre, — et je le lui donnai. Il le reçut avec un éclair de