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président d’une province, afin de réaliser certains projets politiques que j’avais en vue. J’en parlai rue d’Ouvidor, et le jour suivant au Pharoux et au théâtre. Des gens établissant une corrélation entre ma nomination et celle de Lobo Neves, qui était déjà dans l’air, souriaient malicieusement ou me battaient sur l’épaule. Au théâtre une dame me dit que c’était pousser bien loin l’amour de la sculpture, faisant ainsi allusion à la plastique de Virgilia. Mais l’allusion la plus transparente fut faite trois jours plus tard chez Sabine, par un vieux chirurgien, nommé Garcez, petit de taille, trivial et bavard, qui aurait pu atteindre à soixante-dix, à quatre-vingts, à quatre-vingt-dix ans, sans jamais acquérir cette dignité austère qui est le charme des vieillards. La vieillesse ridicule est sans doute la dernière, mais aussi la plus triste des surprises de notre humanité.

— Je sais que cette fois-ci vous allez vous mettre à traduire Cicéron, me dit-il en apprenant mon voyage.

— Cicéron ! s’écria Sabine.

— Mais oui, votre frère est un excellent latiniste. Il traduit Virgile à la lecture. Remarquez