Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/150

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que Quintilia avait reçue du ciel, firent promptement entrer le désenchantement dans la chancellerie autrichienne. Peu après, elle tomba malade ; ce fut alors que notre intimité se resserra. Elle résolut, sur les conseils même des médecins, de ne plus sortir, tant qu’elle serait en traitement. Je passais, chaque jour, plusieurs heures auprès d’elle. Ces dames se mettaient au piano ; ou bien nous jouions tous trois, ou bien on lisait ; la plupart du temps nous causions tout simplement. J’eus l’occasion de l’étudier à fond. En suivant ses lectures, je vis que les livres purement amoureux lui demeuraient incompréhensibles, et que, si les sentiments étaient violents, elle jetait le volume avec ennui. Elle n’agissait point ainsi par ignorance ; elle avait une notion vague des passions, et avait quelquefois assisté à leurs péripéties chez les autres.

— Quelle était sa maladie ?

— Elle souffrait de la moelle. Les médecins disaient que son mal datait de loin, et qu’elle approchait de la crise. Nous atteignîmes ainsi au commencement de 1859. En mars, la maladie s’aggrava, demeura quelques jours stationnaire,