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Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/157

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coups de poignards, hérissé d’imprécations et de remords. Mais Fortunato l’écouta avec un étrange intérêt. Aux instants pathétiques, son attention redoublait, ses regards passaient avidement d’un personnage à l’autre, à tel point que l’étudiant supposa que son voisin trouvait dans la pièce des réminiscences personnelles. Après le drame, la farce ; mais Fortunato n’attendit pas qu’on la jouât, et sortit. Garcia partit sur ses talons. Fortunato prit par la ruelle du Cotovello, la rue San José, jusqu’à la place de la Carioca. Il allait lentement, tête basse, s’arrêtant parfois pour cingler de sa canne un chien endormi. Le chien aboyait, et lui continuait sa route. Place da Carioca, il monta dans une voiture et partit du côté de la place da Constituição. Garcia revint chez lui sans en savoir plus long.

Quelques semaines s’écoulèrent. Une nuit, il pouvait être neuf heures, et il se trouvait chez lui, quand il entendit une rumeur de voix dans l’escalier. Il descendit aussitôt des combles, où il demeurait, jusqu’au premier étage, où habitait un employé de l’Arsenal. C’était cet homme que d’autres transportaient, ensanglanté, à tra-