Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/158

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vers l’escalier. Le nègre qui était à son service courut ouvrir la porte. Le blessé gémissait, les voix étaient confuses sous l’insuffisante lumière. Après avoir déposé l’homme sur son lit, Garcia déclara qu’il fallait appeler un médecin.

— J’en ai envoyé chercher un, cria quelqu’un.

Garcia regarda, et reconnut l’homme de l’hôpital et du théâtre. Il pensa qu’il pouvait être ami ou parent du blessé ; mais il rejeta cette supposition en l’entendant demander si celui-ci avait de la famille ou quelques proches. Le nègre répondit négativement, et aussitôt il prit la direction du service, pria les personnes étrangères de se retirer, paya les porteurs, et donna les premiers ordres. Dès qu’il sut que Garcia était étudiant en médecine et demeurait dans la même maison, il le pria de rester pour aider le médecin. Ensuite, il raconta ce qui s’était passé.

— C’est une bande de capoeiras[1]. Je venais de

  1. Sous l’empire, Rio était infesté de ces bandes, qui constituaient des corps organisés, avaient des noms, des chefs, des couleurs et des cris de ralliement, et non seulement faisaient de mauvais coups dans l’ombre, mais encore figuraient à toutes les fêtes, et mimaient à la tête des régiments une danse entremêlée de cabrioles et de sauts.

    « On donnait aux danseurs de ces hordes barbares le nom de capoeiras. C’est celui d’oiseaux qui vont en bande dans