Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/159

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la caserne de Moura ou j’étais allé rendre visite à un cousin, quand j’entendis un grand bruit, et aussitôt, je vis se former un rassemblement. Il paraît qu’ils ont encore blessé un autre individu qui est entré dans une des ruelles. Mais je n’ai vu que ce monsieur, qui traversait la rue au moment où l’un des capoeiras, en passant près de lui, l’a poignardé.

Il n’est pas tombé tout de suite. Il a donné son adresse, et comme il demeurait à deux pas, j’ai jugé bon de le faire transporter.

— Vous le connaissiez ? demanda Garcia.

— Non, je ne l’ai jamais vu. Qui est-ce ?

    la forêt tropicale et qui se provoquent et s’attaquent sous la ramée, où les guettent les chats sauvages, tachetés et pillards. Les capoeiras étaient la terreur des quartiers paisibles, car ils se constituaient en corps rivaux, et quand ils se rencontraient dans une rue où ils passaient en sens inverse, la question du pas entraînait fatalement l’effusion du sang.

    « Ils s’attaquaient à coups de pieds, à coups de tête, à coups de rasoirs. Ils pratiquaient une sorte de boxe, dansante et compliquée, se tenant sur les mains autant que sur les pieds, promenant à la hauteur des têtes leurs semelles armées de lames effilées.

    « Cependant le gouvernement les tolérait, car ils constituaient aux jours d’élection un sérieux élément de succès, autant par leur vote que par la crainte qu’ils inspiraient. » (Roman Brésilien, p. 213.) (Note du traducteur.)