Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/166

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jour, je fonde une maison de santé, je lui offrirai de l’associer ».

— C’est dit ? demanda Fortunato.

— Qu’est-ce qui est dit ?

— Fondons une maison de santé ?

— Allons donc ; je voulais rire.

— On pourrait tenter ; et pour vous qui formez notre clientèle, cela aurait ses avantages. J’ai justement en vue une maison d’où l’on va déménager et qui ferait l’affaire.

Garcia refusa ce jour-là et le suivant ; mais l’autre s’était fourré l’idée dans la tête, et il n’y eut plus moyen de reculer. En vérité c’était un bon début pour le médecin, et l’affaire pouvait devenir bonne pour tous deux, il accepta enfin, au bout de quelques jours, et ce fut une désillusion pour Maria Luiza. Créature nerveuse et fragile, elle souffrait à la seule pensée que son mari pourrait vivre au contact des infirmités humaines : mais elle n’osa lui tenir tête et s’inclina devant sa volonté. On passa rapidement des plans à l’exécution. Il est vrai que Fortunato ne s’occupa plus d’autre chose, ni à cette époque, ni depuis. Aussitôt que la maison de santé fut ouverte, il en fut le propre adminis-