Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/167

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trateur, le chef des infirmiers, examinant tout, présidant à tout, surveillant les achats et les bouillons, les drogues et les comptes.

Garcia put alors observer que le dévouement de son associé au blessé de la rue Dom-Manoel n’était pas un cas fortuit, mais qu’il tenait à la propre nature de cet homme. Il le vit faire le service mieux que n’importe quel domestique, et ne reculer devant rien. Il n’y avait pas pour lui de maladie désagréable ou repoussante, et il était toujours prêt à tout, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Tout le monde s’étonnait et applaudissait. Fortunato étudiait, assistait aux opérations, et personne d’autre que lui ne pansait les vésicatoires.

— Il avait foi aux vésicatoires, disait-il.

La communion des intérêts resserra les liens d’intimité. Garcia devint le commensal de la maison ; il y dînait presque tous les soirs ; il observait la personne et la vie de Marie Luiza, dont la solitude morale était évidente. Et la solitude lui donnait de nouveaux charmes. Garcia commença à éprouver une agitation quand elle apparaissait, quand elle parlait, quand elle travaillait, silencieuse dans une embrasure de