Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/168

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fenêtre, ou quand elle jouait une musique mélancolique, au piano. Peu à peu, l’amour pénétra dans son cœur. Quand il en eut conscience, il voulut le chasser pour qu’il n’y eût entre lui et Fortunato d’autres liens que ceux de l’amitié. Mais il ne put. C’est tout au plus s’il le contint. Maria Luiza comprit tout : l’affection et le silence. Mais elle feignit de ne s’apercevoir de rien.

Au commencement d’octobre, il se produisit un incident qui révéla mieux encore aux regards du médecin la situation de la jeune femme. Fortunato s’était mis à étudier l’anatomie et la physiologie, et il employait ses heures de loisir à découper et à empoisonner des chats et des chiens. Comme les plaintes des animaux troublaient les malades, il avait transporté son laboratoire chez lui, et sa femme, de complexion nerveuse, dut se résigner aux hurlements. Un jour, cependant, n’y tenant plus, elle alla trouver le médecin, afin qu’il obtînt de son mari, et comme une faveur personnelle, la cessation de semblables expériences.

— Mais vous-même, Madame…

Maria Luiza l’interrompit en souriant :