Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/220

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— Et pourquoi n’y crois-tu pas ? espèce d’imbécile ! repartit-il vivement, en ouvrant des yeux.

C’était ainsi en temps de paix ; figurez-vous ce que ça devait être quand nous nous déclarions la guerre. Il s’interdit les coups de canne : mais les injures persistèrent ou même s’aggravèrent. Je continuai, comme par le passé, à hausser les épaules ; j’étais un mulet, un chameau, un âne, un idiot, un mollasse, tout, enfin. Et personne ne venait partager avec moi la série de ces épithètes. Il n’avait pas de parents, sinon un neveu, qui mourut phtisique à Minas, à la fin de mai, ou au commencement de juillet. Ses amis venaient de temps à autre l’approuver, l’applaudir, et rien de plus ; des visites de cinq ou dix minutes. Il ne restait que moi, moi seul pour un dictionnaire tout entier d’épithètes. Plus d’une fois je fus sur le point de m’en aller. Mais sur les conseils du vicaire, je restais.

Non seulement nos relations se tendaient de plus en plus, mais je mourais d’envie de retourner à Rio. Ce n’était pas à quarante-deux ans que je pouvais m’accoutumer à une réclusion constante, auprès d’un malade hargneux, dans