Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/247

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mots avec elles. Il dit à Jean Viegas qu’il désirait depuis longtemps faire sa connaissance, à cause d’un service que celui-ci avait autrefois rendu à son père, à l’occasion d’un procès. Jean Viegas ne se souvenait de rien. La mémoire ne lui revint pas davantage quand on lui eut dit de quoi il s’agissait. Mais il lui plut d’entendre cet éloge en public ; il lança un regard à la ronde, et, pendant quelques instants, il jouit en silence de son succès.

Queiroz entra avec enthousiasme dans le jeu. Au bout d’une demi-heure, il était devenu le familier de la maison. Tout en lui était action : il parlait avec facilité, il avait des gestes naturels et spontanés. Il possédait un vaste répertoire d’épreuves pour le rachat des gages aux jeux innocents, ce qui enchanta toute la société. Personne d’ailleurs ne les dirigeait mieux, avec plus de mouvement et d’animation, allant d’un côté à l’autre, formant des groupes, approchant les chaises, parlant aux jeunes filles comme s’il eût joué avec elles depuis leur enfance.

— Mademoiselle Jeannette, ici, sur cette chaise ; dona Cesaria, de ce côté, debout ; Mon-