Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/251

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de soieries et de bijoux pour sa femme, la jolie Jeannette, Jeannette Rangel, — Madame Jeanne Rangel, — Madame Jeanne Viegas Rangel, ou Madame Jeanne Candida Viegas… il ne pouvait supprimer ce nom de Candida…

— Allons, un toast, monsieur le diplomate, faites-nous un de ces fameux toasts…

Rangel se réveilla de son rêve ; la table tout entière s’unissait à la demande de l’oncle Rufino ; Jeannette elle-même lui demandait un toast comme celui de l’an dernier. Rangel répondit qu’il allait obéir ; qu’on lui laissât seulement le temps d’en finir avec cette aile de poulet. Mouvement d’attention, chuchotements flatteurs ; dona Adélaïde dit à une jeune fille, qui n’avait jamais entendu parler Rangel :

— Jamais ? est-il possible ! Vous ne pouvez vous imaginer comme il s’exprime bien, clairement, en termes choisis, avec des expressions si élégantes.

Tout en mangeant, il rappelait ses souvenirs, il réunissait des fragments d’idées qui lui servaient à l’arrangement de ses phrases et de ses métaphores. Quand il fut prêt, il se leva. Il avait un air satisfait et plein de suffisance. Enfin,