Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/99

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devant l’endroit indiqué, bien plus encore que naguère, et ne pouvait voir une femme, de loin ou de près, sans se souvenir de l’autre. Quand il enfilait le corridor de la maison, en revenant de son travail, il sentait toujours un choc, parfois violent, quand il la rencontrait sur le palier, en train de regarder, à travers les barreaux de bois de l’escalier, comme si elle était accourue pour voir qui venait.

Un dimanche, — jamais il ne devait oublier ce dimanche, — il était seul dans sa chambre, à la fenêtre, tourné du côté de la mer, qui lui parlait, comme dona Severina, un langage obscur et nouveau. Il s’amusait à voir les mouettes faire leurs grandes randonnées dans l’air, ou planer sur les eaux, ou simplement voleter. Superbe journée. Ce n’était pas seulement un dimanche chrétien ; c’était un immense dimanche universel.

Ignace les passait tous là, ses dimanches, dans sa chambre ou à la fenêtre, ou à relire un des trois feuilletons qu’il avait apportés, vieux contes, achetés quatre sous dans la ruelle du Largo do Paço. Il était deux heures de l’après-midi. Il se sentait fatigué, après une mauvaise