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32 LE DIT DOU VERGIER


552 Qu’il sont de la chaleur espris,[1]
Souvent leur fait coleur muer,
Taindre, pâlir et souspirer.
Et lorsqu’il sont mis en tel point,[2]
556 Sachiés que je n’y aten point,[3]
Einsois laisse aler le brandon,
Que tu ci vois, par abandon.[4]
Que tout leur esprent doublement[5]
560 Cuer et corps amoureusement.
Cils brandons les tient et destreint,[6]
Le cuer leur art, le corps leur teint,[7]
Si que raison est oubliée
564 Et mesure s’en est alée.
Adont sont il en tel ardure
Et en pensée si obscure,
Car uns chascuns d’euls tous vorroit[8]
568 Sa joie eschever, s’il pooit.[9]
Mais cils feus ne s’en puet partir,[10]
Tant que je l’en fais départir ;
Et quant je voy que li temps vient[11]
572 Qu’a euls revenir appartient.
Pour joie d’amours recouvrer,
Je lais Grâce et Franchise ouvrer
Et Pitié la très débonnaire.
576 Ces trois leur donnent tel salaire
Qu’il reçoivent de jour en jour[12]
Cent joies pour une dolour.
Or t’ay je moustré la raison
580 De la saiette et dou brandon.

  1. D de grant chaleur
  2. BDEKJ est mis
  3. DKJ Saches ; M entens
  4. ci manque dans M
  5. C tout ce leur
  6. F le ; D deffraint
  7. E le corps estaint
  8. A un chascun ; C Car chascuns deulz deulz vous v. ; tous manque dans E: D verroit
  9. AD acheuer
  10. D foulz : E pot
  11. D Et que je ; J vois
  12. M recouuient.