[1]
Souvent leur fait coleur muer,
Taindre, pâlir et souspirer.
Et lorsqu’il sont mis en tel point,[2]
Sachiés que je n’y aten point,[3]
Einsois laisse aler le brandon,
Que tu ci vois, par abandon.[4]
Que tout leur esprent doublement[5]
Cuer et corps amoureusement.
Cils brandons les tient et destreint,[6]
Le cuer leur art, le corps leur teint,[7]
Si que raison est oubliée
Et mesure s’en est alée.
Adont sont il en tel ardure
Et en pensée si obscure,
Car uns chascuns d’euls tous vorroit[8]
Sa joie eschever, s’il pooit.[9]
Mais cils feus ne s’en puet partir,[10]
Tant que je l’en fais départir ;
Et quant je voy que li temps vient[11]
Qu’a euls revenir appartient.
Pour joie d’amours recouvrer,
Je lais Grâce et Franchise ouvrer
Et Pitié la très débonnaire.
Ces trois leur donnent tel salaire
Qu’il reçoivent de jour en jour[12]
Cent joies pour une dolour.
Or t’ay je moustré la raison
De la saiette et dou brandon.