Qui le menroit[1] aus[2][3] fourches pendre
En[4] celle heure, sans plus attendre,
Si seroit il reconfortez
Et soustenus et deportez
En esperence d’eschaper ;
Lors ne le porroient taper
Maie errour[5], ne desesperence,
Tant comme il aroit esperence ;
Qu’esperence le conduiroit
Jusqu’a tant qu’il trespasseroit.
« Aussi avez vous[6] dit d’un point
Encontre Amour trop mal a point :
C’est que Nature a commandise
Seur la gent d’Amours[7] a sa guise,
Et se Nature le commande,
Nuls n’obeïst a sa commande.
Elle commande qu’on[8] oublie
Et mort d’amant et mort d’amie,
Pour ce qu’on n’i puet recouvrer
Par grant avoir, ne par ouvrer.
Commande; assez nous le volons.
De ce point pas ne nous dolons[9].
Qu’a ami[10][11] riens n’en[12] apartient:
Car[13] Bonne Amour en sa part tient
Un cuer d’amant tant seulement
Sans naturel commandement.
Qui ne vuet, nuls n’i est contrains;
Mais on[14] est d’Amours[15] si estrains,
Qu’obeïr y couvient par force ;
S’est fols[16] qui contre li s’efforce.
Page:Machaut - Œuvres, éd. Hœpffner, I.djvu/307
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