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Page:Machaut - Œuvres, éd. Hœpffner, II.djvu/68

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LX INTRODUCTION

Mais aux thèmes des romans d'aventures, notre poète mêle de ces allégories dont la littérature de son temps était farcie : et ce mélange est une innovation. Son lion lui-même est un personnage allégorique : il est le type du parfait amant, comme les bêtes malfaisantes qui l'en- tourent représentent les « losengiers», les « médisants ».

Le type du héros lui-même, de celui qui vient à bout de l'aventure, subit dans le poème de Machaut une légère modification. Dans l'ancien roman arthurien il était, en même temps que le plus courtois, le plus vaillant aux armes. Guillaume n'exige plus de son héros cette dernière qualité. La loyauté en amour est à elle seule suffisante, pour le faire triompher des dangers : seul pourra franchir la rivière celui qui aime sans fausseté, et le lion se soumet à celui qui, en son danger, invoque le nom de sa dame. Sans doute cette conception paraît déjà chez Chrétien de Troyes (Lancelot) et chez d'autres, mais jamais sous cette forme outrée où l'une des conditions principales, le « vasselage », est net- tement écartée. Rappelons-nous que c'est l'époque qui vit éclore la « Cour amoureuse » de Charles VI et les ordres de chevalerie à l'honneur et à la défense des dames.

Notre poète avait ses raisons pour ne plus exiger de son héros la prouesse des anciens romans : c'est que — fait significatif — son héros n'est plus un person- nage imaginaire, un Yvain, un Gauvain ; c'est le poète lui-même. Par une habitude que nous lui avons vu prendre dès ses premiers poèmes, il se met lui-même en scène, en une action parfaitement fantastique, mais à laquelle, plaisamment, il donne une apparence de réa- lité et d'authenticité par quelques détails précis : date

��sa préface à l'édition de ce roman, p. 49-56). On voit par là que les auteurs des romans d'aventures, au xiv e siècle encore, puisaient à cette riche source.

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