Page:Machiavel - Oeuvres littéraires - trad Peries - notes Louandre - ed Charpentier 1884.djvu/400

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il serait plus sûr et plus avantageux de les tromper, et de ne pas interrompre les négociations de paix déjà entamées.

Cette intrigue fut conduite avec tant d’adresse, qu’il conclut avec eux un traité de paix qui confirmait les engagements précédemment contractés par lui avec chacun d’eux. Il leur fit compter immédiatement quatre mille ducats, et leur donna l’assurance de ne point inquiéter les Bentivogli ; il fit alliance avec Giovanni, et consentit que jamais plus l’un d’entre eux à la fois ne pût être obligé de venir servir en personne, à moins que le contraire ne leur convînt.

De leur côté, ils s’engagèrent à lui restituer le duché d’Urbin et toutes les conquêtes qu’ils avaient faites jusqu’à ce jour ; à rester à son service dans toutes les expéditions qu’il aurait dessein d’entreprendre ; à ne pouvoir, sans sa permission, faire la guerre à qui que ce fût, ni entrer au service d’aucun autre prince.

Lorsque ce traité eut été ratifié, Guido Ubaldo, ancien duc d’Urbin, se réfugia de nouveau à Venise, après avoir fait démanteler préalablement toutes les places fortes de ses États ; car, assuré de l’affection de ses sujets, il ne voulait pas que l’ennemi tirât avantage des forteresses que lui-même n’espérait pas pouvoir défendre, et qu’elles servissent à tenir ses amis sous le joug.

Mais le duc de Valentinois, après avoir conclu ce traité, et réparti ses troupes, ainsi que les hommes d’armes français, dans toute la Romagne, quitta tout à coup Imola vers la fin de novembre, et se rendit à Césene, où il demeura quelques jours à négocier avec les envoyés des Vitelli et des Orsini, qui se trouvaient avec leurs troupes dans le duché d’Urbin pour déterminer les nouvelles entreprises qu’ils devaient tenter actuellement. Comme on ne concluait rien, on lui envoya dire par Oliverotto da Fermo, que s’il voulait faire la conquête de la Toscane, ils étaient prêts à le seconder ; que, dans le cas contraire, ils iraient assiéger Sinigaglia. Le duc répondit à cet envoyé que son intention n’était point de