mins à accoutusmer à le nommer aultrement), eust déclaré son nom par un soudain effroy ; mais ce que plusieurs ont ce mesme nom et sa contenance y firent moins prendre garde. Pour éviter le danger de là en avant advisèrent d’escrire à M. de Saincte-Solene, à Poictiers, amy de M. de la Noüe, de venir recevoir la ditte dame à Jaulnay, village entre Poictiers et la Tricherie, avec vingt ou vingt-cinq chevaux, et là-dessus partirent.
A Jaulnay, au lieu du sr de Saincte-Solene, trouvèrent la compaignie de Landreau logée, principal ligueur en ce païs-là, ledit sr de Saincte-Solene n’ayant peu sortir de Poitiers à cause d’un tumulte qui y estoit. Ilz passèrent oultre, et à cinq cens pas de là, tirant vers Monstreuil le Bonin, maison de M. de la Noüe, trouvèrent le dit sr de Landreau luy-mesme avec feu M. de la Trimouille qui avoit environ deux cent lances. Là fut en grand danger pendant quelques heures d’estre reconnu ; touteffois on les laissa passer et couchèrent au dit Monstreuil. Mais le lendemain, entre Monstreuil et Loué, s’estant un peu amusez à regarder les ruines de Lusignan, furent à peu de là chargés de partie de la compaignie du sr de Chemeraut qui estoient environ vingt cuirasses. Ils tournent et marchent en assurance vers eux, et après divers propos font encore sy bonne mine qu’on les laissa aller. Les troys dangers se passèrent en troys jours et en une saison très-fascheuse tant pour l’esmeute des ligues que pour la haine particulière de sa personne entre ceux qui le congnoissoient homme de service et affectionné à sa religion. Enfin parvinrent à St Jéhan d’Angely, d’où il alla trouver