Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/141

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ner don Jouan d’Austria[1], moiennant la somme de vingt mil florins avant sa révolte du dit party, dont touteffois ne luy avoit avancé que la moitié. Les preuves, comme en telles choses, furent défectueuses, bien que la chose très certaine. Le galant se vantoit de faire mourir un homme au seul toucher, et de faict un coronel d’Anvers nommé Adam van der Hulst en mourut phrénétiq trois jours après, l’ayant examiné avec M. du Plessis qui lors le reconnut. La part qu’avait M. du Plessis ès affaires des Pays bas et l’amitié du Prince d’Orange en pouvoit estre cause. D’ailleurs, monseigneur d’Alençon estoit à Montz[2], prétendant aux Pays bas, assisté de très mauvais conseil, et qui luy rendoit suspectz en ses prétentions ceux de la Religion, comme il parut mieux depuis, mesmes en son endroict.

Cette maladie luy dura quattre mois, et ne laissoit de faire affaires, tant qu’il perdit mesmes l’usaige d’escrire. Durant icelle, le Roy de Navarre envoya vers luy pour avoir son advis de la responce qu’il avoit à faire aux instances très expresses que le roy Henry III de France luy faisoit pour remettre la messe[3] et cérémonies de l’Eglize Romaine en Béarn, matière perplexe et espineuse de tous costez. Et cest avis, je trouve encor en ses mémoires. C’estoit, en somme, que pour satisfaire à S. M., il convoquast un synode, à l’exemple de plusieurs grandz Princes, en son pays

  1. Don Juan mourut le 7 octobre 1578, d’une fièvre maligne, disent les historiens
  2. Le duc d’Alençon ou d’Anjou était arrivé à Mons au mois de juillet 1578, après avoir renoué ses rapports avec les protestants.
  3. Le culte catholique était interdit en Béarn.