Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/143

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luy en travailler l’esprit, que au moins que je peux, je pourveu à tout cela.

Pendant ce séjour de Gand[1], les armes furent reprises en apuril 1580, et luy redespescha le roy de Navarre le feu sr d’Hagranville, depuis maistre de camp, qu’il avoit envoyé vers luy pour autres affaires, avec commandement de passer en Angleterre pour justifier la prise des armes, et en conséquence demander secours. Et ceste commission luy déplaisoit parce qu’à la vérité, il ne jugeoit pas ses armes là justes, d’autant qu’il ne les connoissoit pas nécessaires. Il s’en va donc dire à Dieu à M. de la Noüe qui lors alloit exécuter une entreprise sur Lille en Flandres qu’ilz avoient projetée ensemble, et laissoit son infanterie au siège d’Inghelmonster, soubz la conduite du sr de Marguettes, d’où avint qu’estant le dit sr de la Noüe averty que le viconte de Gand leur venoit lever le siège, quitta son entreprise pour venir secourir les siens, où il fut deffait et prisonnier. Il me souvient que jamais M. du Plessis n’eust bonne opinion de ce siège pour l’inexpérience de celuy qui le conduisoit, et en dit son avis à M. de la Noüe. Aussy ne fut-il pas sy tost à Donkerke qu’il receut ceste mauvaise nouvelle, les Estatz du pays despeschans vers luy deux des principaux d’entre eux, pour le prier de rebrousser chemin sur cest effroy, ce qu’il varioit de faire, veu le commandement qu’il avoit du roy de Navarre. Touteffois, le consentit pour quelques jours, et avec eux donna si bon or-

  1. Cette guerre fut appelée la guerre des amoureux, parce qu’elle eut pour prétexte les mauvais propos du roi Henri III sur sa sœur la reine de Navarre.