Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/295

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teffois, il y sentit la bénédiction de Dieu, et publiquement et particulièrement, en ce qu’il se partit avec la bonne grâce du Roy et la louange de tous les députez des Eglizes, à l’occasion desquelz principalement il avoit faict ce voyage ; et néantmoins ne laissa pas d’y esbaucher pour ses affaires domestiques, avec le plaisir de Dieu, pour le repos et soulagement de sa famille.

Quelques mois après le retour de monsieur du Plessis passa la Royne douairière à Saumur, pour aller à Anceniz, lieu de neutralitez, entamer la négotiation avec M. de Mercœur, son frère, en laquelle elle estoit assistée de monsieur du Plessis et de M. de Chasteauneuf, son chancelier, nommé par le Roy, pour la direction d’icelle. Mais par ce qu’elle n’avoit veu depuis six ou sept ans le dit sr duc, son frère, elle pria monsieur du Plessis de ne s’y acheminer point pour le premier voyage, jusques à ce qu’elle eust sondé et apprivoisé son humeur ; ce qu’il estima à propos, nonobstant le commandement qu’il avoit du Roy, pour s’accommoder à l’intention de la ditte Dame, à laquelle aussy il rendit à Saumur tout l’honneur qu’il peust, pour luy arracher les sinistres opinions qu’on luy pouvoit donner contre ceux de la Religion. Or fut la ditte Dame quelques mois sans pouvoir voir le dit sr son frère, s’excusant iceluy tantost sur une affaire, tantost sur l’autre, dont elle ne se pouvoit tenir de se plaindre. Et finalement, lorsqu’il la vit, luy donna peu d’ouverture à la paix, se tenant sur ces pointz qu’il ne pouvoit sy le Pape n’avoit absous le Roy, aussy qu’il ne vouloit rien faire qu’en commun avec les Princes de l’union, et