Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/296

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par l’advis des Estatz de Bretagne ; ce qui fut cause que la Royne ne manda point monsieur du Plessis ains se contenta de despescher monsr de Chasteauneuf vers le Roy, pour scavoir ce qu’elle avoit à faire là dessus, lequel fut long temps retenu en court sans y rien avancer, et finalement se retira en sa maison. Ce fut un subject à quelques-uns de dire que M. de Mercœur n’avoit voulu traicter avec M. du Plessis à cause de la religion ; comme de faict, il dit à la Royne qu’il en faisoit beaucoup de cas, et que pour son regard il n’en feroit difficulté, mais qu’il doutoit de scandalizer ceux de la Province. La Royne a dit plusieurs fois depuis à monsr du Plessis qu’il s’estoit fort repenti, et le lui avoit dit, de n’avoir conféré avec luy ceste première fois.

Or tost après que la Royne fut partie de Saumur, il receut commandement du Roy d’aller en diligence en Xaintonge. C’estoit sur un advis qui estoit venu à S. M. de l’extrême maladie de M. de St  Mesme, gouverneur de St  Johan, sur laquelle S. M. craignant nouveautez en la ville, luy mandoit de se transporter près de là, et en cas de la mort du sr de S. Mesmes, se rendre en la ditte ville pour y contenir toutes choses en l’obéyssance de S. M. Mesmes d’autant plus que la personne de monseigneur le Prince de Condé y estoit, adjoustant S. M. qu’Elle avoit donné le gouvernement de la place à M. de Rohan[1], son cousin, auquel il luy donnoit charge de le conserver.

  1. Henri de Rohan était né en 1579 ; il jouait déjà un certain rôle sous le règne de Henri IV, et il devint sous Louis XIII le chef du parti protestant. Il mourut à l’étranger en 1638.