Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/324

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sincère intention qui fut reconnue en luy de ne rechercher que la liberté et seurté de la vraye religion, en la paix et tranquillité de l’Estat. De toute ceste négociation il fit un bref discours.

Et par ce qu’on n’aurait peu encor en convenir avec les ditz sieurs, ne s’entendans messieurs du conseil du Roy pour la Religion, justice et seuretez autant qu’il en estoit besoing et que les ditz sieurs mesmes jugeoient raisonnable, ilz s’en seroient retournez en court pour remonstrer le tout au Roy et en rendre plus capables messieurs de son conseil. Pendant lequel temps se seroyent aussy les députez transportez aux provinces pour leur rendre conte de toute ceste procédure, sauf à se retrouver ensemble au 15e Juing 97 à Chastellerault, fortifiez de personnes de qualité de toutes les dittes provinces, mesme de la présence de monsieur de Bouillon, mareschal de France, ainsy qu’il leur avoit promis, et d’aultant que ceste longueur pouvoit estre calomnieusement imputée à ceux de la Religion, parceque, depuis leurs requestes présentées au Roy, seroient arrivées plusieurs adversitez au royaume, scavoir la prise de Dourlan, Cambray[1], Calais, Amiens et autres, ausquelles il sembloit qu’ilz deussent tout céder, au lieu qu’icelles dévoient estre plus tost rejettées sur ceux qui leur dévoient depuis sy long temps justice. Auroit été prié monsieur du Plessis

  1. Le comte de Fuentès, commandant les troupes Espagnoles des Pays-Bas, prit Doullens le 24 juillet, Cambray le 2 octobre 1595 ; Calais tomba le 24 avril 1596, et Amiens fut surpris le 11 mars 1597. Ce fut alors que le Roi dit à Rosny : « C’est assez faire le roi de France, il est temps de faire le roi de Navarre, » et il monta à cheval.