Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/27

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meſme tranquilité qui paroiſſoit eſtre alors en toute la Nature. Pour Aronce, quoy qu’il euſt encore plus de ioye que Clelie, parce qu’il auoit encore plus d’amour ; il ne laiſſoit pas d’auoir quelquefois vne certaine agitation d’eſprit, qui reſſembloit à l’inquietude durant quelques momens. En effet il trouuoit qu’il n’euſt pas teſmoigné aſſez d’ardeur, ſi la seule eſperance d’eſtre heureux le lendemain l’euſt entierement ſatisfait : ainſi il murmuroit contre la longueur des iours, quoy qu’il ne fuſt encore qu’aux premiers iours du Printemps ; & il regardoit alors les heures comme des Siecles. Cette douce inquietude, qui n’eſtoit cauſée que par vne impatience amoureuſe, ne l’empeſchoit pour-