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Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 03.pdf/54

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auec vne fermeté admirable) afin de vous faire voir que ie ne ſuis pas indigne de la Vertu de mon Pere, & qu’encore que ie ne ſois pas née à Rome, ie ne laiſſe pas d’auoir le cœur d’une veritable Romaine. Clelie prononça ces paroles auec vne hardieſſe ſi modeſte, & ſi tranquile, que Tarquin en fut eſpouuanté. Ha ! Madame, s’eſcria-t-il, il faut ſans doute que vous connoiſſiez mieux l’amour que i’ay pour vous que ie ne le penſois, puis que vous me deſcouurez vne pareille choſe. Mais ie ne ſçay, adiouſta-t-il en ſoûpirant ſi vous auez raiſon de vous y fier, car ie ne ſçay pas moy meſme dans l’agitation que ie ſens, ſi ie vous aime encore, ou ſi ie commence de vous haïr. Haïſſez moy Seigneur, haïſſez moy, repliqua-t-elle, car il vous ſera bien plus aiſé de ſatiſfaire voſtre haine, que de m’obliger à ſatiſfaire