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Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 03.pdf/55

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voſtre amour. I’ay preſentement tant d’enuie de vous haïr, reprit-il, & il y a tant de raiſons qui m’y pouſſent, que ie ne deſeſpere pas de ſurmonter la cruelle paſſion que i’ay dans l’ame. Mais pour le faire plus aiſement, pourſuiuit-il, il faut me priuer de voſtre veuë, car malgré toute la colere que i’ay de voſtre audace, la douceur de vos yeux adoucit toute ma fierté, & deſarme toute ma fureur. Eh plûſt aux Dieux, Seigneur, reprit-elle, que ie puſſe eſtre aſſez puiſſante pour remettre la raiſon dans voſtre ame, & pour en chaſſer toute l’iniuſtice qui vous fait haïr mon Pere, & qui vous fait regner auec tant de violence, que vous ne pouuez iamais eſtre aimé de pas vn de ceux qui vous obeïſſent. Ah ! trop charmante Perſone (s’eſcria-t-il en s’adouciſſant tout d’un coup) qu’il m’importeroit peu d’eſtre haï de tout