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Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 04.pdf/797

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faut ſecoüer le ioug de l’iniuſte Tarquin & de la cruelle Tullie. Le ſang de Lucrece vous a rendu le Ciel propice, & l’outrage qu’elle a reçeu du fils aiſné de voſtre Tiran, intereſſe ſi fort tous les Dieux à vanger ſa mort, que quand vous ne vous en meſleriez pas, ie ſuis aſſeuré que ces meſmes Dieux qui m’inſpirent la hardieſſe de vouloir le renuerſer du Throſne qu’il a vſurpé le puniroient de ſon audace, & vous puniroient vous meſme de voſtre laſcheté, ſi vous ne vous ioigniez pas à tant de vaillans hommes qui ſont reſolus de mourir auiourd’huy, & de ſe faire immoler aupres du corps de la chaſte Lucrece, plutoſt que de continuer d’obeïr au plus deteſtable Tirant du monde.

Brutus prononça ces paroles auec vne ſi noble audace que le Peuple Romain eſpouuanté de l’entendre parler de cette ſorte, creut effectiuement que