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Page:Maeterlinck - Berniquel.djvu/16

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TITIA. — Il t’adore !… Il t’adore au point que je me demande si ce n’est pas pour se rapprocher de toi qu’il est devenu mon amant… Nous parlons souvent de toi… Au fond, nous en parlons presque tout le temps ; c’est à qui fera ton éloge… Le plus beau rêve de sa vie, ce serait d’être ton ami… Je suis sûre que tu l’aimerais autant que je l’aime, si tu le connaissais comme je le connais… Tu verras, c’est un être exquis !… Il se jetterait au feu pour toi ; et l’autre soir encore, dans un salon, comme un petit imbécile t’attaquait sottement, et s’avisait de se moquer de toi, il aurait fallu voir comme il l’a ramassé… Je ne lui connais qu’un défaut : c’est qu’il est très jaloux. Il est encore plus jaloux que toi…

BERNIQUEL. — Ah !… Il est jaloux ?…

TITIA. — Oui, un peu trop… C’est presque maladif… Mais enfin, c’est assez naturel quand on aime… C’est pourquoi il comprendra fort bien ton mouvement d’impatience et je suis sûre qu’il ne t’en voudra pas…

BERNIQUEL, ironique. — Il ne serait peut-être pas mauvais que je lui fisse des excuses ?…

TITIA, sans saisir l’ironie. — Je ne sais pas… Ça pourrait le blesser… Il est extrêmement susceptible… Il est peut-être préférable d’agir comme s’il ne s’était rien passé… Laisse-moi faire ; je verrai si je peux arranger les choses… Il faut savoir le prendre et je le connais mieux que toi…