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Page:Maeterlinck - Berniquel.djvu/20

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TITIA. — Écoute-moi sérieusement. C’est uniquement — et ceci je le jure sur tout ce que tu voudras — c’est uniquement par amour pour toi que j’ai été entraînée peu à peu et malgré moi dans cette triste aventure où j’ai récolté plus de désagréments que de plaisirs ; car ce n’est pas pour m’amuser, je te l’assure, que j’ai été forcée de faire ce que j’ai fait… Mais tu sais ce que c’est, quand on est pris dans l’engrenage de la pitié ; car c’est uniquement la pitié qui m’a fait agir, tu le comprendras tout à l’heure ; seulement, quand j’ai vu qu’elle m’entraînait trop loin, quand j’ai voulu me ressaisir, j’ai constaté tout à coup, avec épouvante, qu’il était trop tard pour m’arrêter ou reculer…

BERNIQUEL. — Tu m’intéresses prodigieusement…

TITIA. — J’avais cru d’abord avoir affaire à un malheureux que le hasard d’une rencontre m’avait permis de retenir littéralement au bord du suicide. Je n’ai pas tardé, hélas ! à reconnaître qu’il s’agissait d’un fou, et d’un fou redoutable qu’emportait une passion insensée, frénétique, qui se transformait peu à peu en une sorte de délire de la persécution et de la jalousie qui mettait ta vie en danger… Tu comprendras sans peine qu’à partir de ce moment, je n’ai plus hésité…

BERNIQUEL. — À me faire cocu ?…