Page:Maeterlinck - Les Morts ne meurent pas, paru dans Le Figaro, 29 août 1915.djvu/6

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peut-être pas encore. Il est entendu que la disparition de deux ou trois millions de jeunes vies fauchées au moment où elles allaient s’épanouir, laissera dans l’histoire un abîme qu’il ne sera pas facile de combler, comme il est entendu que parmi ces morts se trouvaient des intelligences et des génies qui ne reviendront plus et qui portaient des inventions et des découvertes qu’on ne retrouvera peut-être pas avant des siècles. Il est entendu que nous ne connaîtrons jamais les conséquences de ce refoulement du progrès et de ces dilapidations sans précédent. Mais tout ceci accordé, il est bon de se ressaisir et de se redresser. Il n’y a pas de perte irréparable. Tout se transforme, rien ne périt et ce qui paraît jeté au néant n’est nullement anéanti. Notre monde moral comme notre monde physique est une sphère immense mais hermétiquement close d’où rien ne peut