Page:Magasin d'Éducation et de Récréation, Tome XIII, 1901.pdf/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
220
ANDRÉ LAURIE

droit de reprendre notre place au premier rang parmi les nations européennes. Quoi d’étonnant à ce que notre enthousiasme fût sans bornes, et sans bornes notre admiration pour Lönnrot. Le jeune savant dut quitter son poste et venir occuper une chaire de professeur à notre Université, tout en continuant de s’occuper de ses chers travaux. Il fixa sous une forme définive le Kalevala dans une nouvelle édition en cinquante chants, qui parut dix ans après et fut traduite en plusieurs langues. Il recueillit des contes populaires, des énigmes, des proverbes et des chansons magiques, les antiques incantations du peuple finnois.

« Notre peuple a, parmi ses traditions, de curieuses pratiques magiques, et si maintenant on ne croit plus aux sorcières du XVIIe siècle, qui, montées sur un manche à balai, se rendaient à « Bläkulla » la nuit de Pâques, on vient encore consulter de très loin les diseuses de bonne aventure, les femmes sages ou les magiciens qui vous font retrouver les objets perdus. On croit aux sorts, que l’on conjure par des moyens magiques, et la médecine populaire est pleine de remèdes bizarres, dont quelques-uns très efficaces, entre autres l’usage du massage.

« Lönnrot ne fut pas le seul que tentèrent ces études captivantes. La Société de Littérature finnoise, fondée par lui dès 1831, compte un grand nombre d’adhérents, recrutés même parmi le peuple, et le folklore de Finlande est peut-être le plus riche du monde.

« Jusqu’à la fin, Elias Lönnrot travailla, adulé, fêté, comblé d’honneurs, mais restant toujours humble et modeste, et fuyant souvent les témoignages d’admiration de ses concitoyens, et lorsqu’il mourut, en 1881, sa mort fut un deuil public. »

« À quoi penses-tu, Minna ? » me demanda Heddi, ma voisine.

Évidemment, ma pensée était ailleurs.

Je sortis de ma rêverie pour prendre une part active à la représentation de Hanna, cette délicieuse idylle de notre grand poète Runeberg.

À notre joie inénarrable, notre matinée produisit une somme relativement élevée qui nous permit d’accomplir nos charitables projets.

Comme après avoir secouru nos protégés je déplorais leur misère, Mlle Mathilde me rappela que la charité individuelle chez nous semble inépuisable. Quelle misère parmi nous, parfois ! Nous frissonnions en songeant à cette épouvantable famine qui, en 1867, nous décima, et pendant laquelle on voyait de longues théories de malheureux ayant abandonné leur champ gelé et leur cabane vide, et émigrant, mendiant du pain sur les grands chemins sans jamais se révolter, sans jamais piller ou incendier sur leur route, mais terrassés par le froid et la faim, malgré les bonnes volontés, hélas insuffisantes, autour d’eux.

J. Lermont.

(La suite prochainement.)


LES CHERCHEURS D’OR DE L’AFRIQUE AUSTRALE

COLETTE EN RHODESIA
(La guerre au Transvaal)
Par ANDRÉ LAURIE


VII

L’enlèvement


À Massey-Dorp, tout est tranquille, et les choses ont repris leur cours normal. À la vérité, le canon reste braqué sur la plaine, au pied de la véranda : ou du moins il semble, à distance, qu’il en soit ainsi. En réalité, un simulacre de même bois et de même aspect, un simple tronc d’arbre poli, le remplace provisoirement. M. Weber a reconnu une lésion