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LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

Jusqu’à Rennes, le wagon resta au complet. Les deux garçons parlaient peu. Ils regardaient le paysage qui se déroulait sous leurs yeux. Charles avait recommandé à Arthur de ne pas trop parler du trésor de M. Toupie devant les voyageurs, car l’on ne pouvait jamais savoir à côté de qui on se trouvait et il était inutile de fournir des précisions à des gens qui le cherchaient peut-être eux aussi.

Les deux jeunes garçons arrivèrent, le soir, à six heures, à Rennes. M. Treillard avait retenu par télégramme pour eux une chambre à l’hôtel d’Angleterre. Le portier regarda avec quelque étonnement ces deux jeunes garçons chargés de deux valises et de deux bicyclettes.

Dès qu’ils furent installés dans leur chambre, et en attendant l’heure du dîner, Arthur courut acheter une casquette.

Un magasin était encore ouvert et il trouva ce qu’il souhaitait ; il revint en courant à l’hôtel où Charles l’attendait. Il monta dans sa chambre pour se laver les mains, et en redescendant il n’avait plus de casquette ! Impossible de la retrouver !

l’avait-il mise ? Il ne se rappelait plus. Tous les garçons se mirent à la chercher, mais elle resta introuvable. Arthur riait aux larmes de l’aventure, mais Charles, malgré son envie de prendre la chose gaîment, déclara à son camarade que, désormais, l’achat de ses casquettes serait pris sur son argent de poche et non sur celui du voyage.

La grande salle du restaurant de l’hôtel était pleine. Il y avait quelques familles avec de jeunes lycéens qui partaient en vacances, des habitants des environs, venus à Rennes pour un marché important. Ce qui amusait particulièrement Arthur c’était de commander les repas. Il voulait composer les menus les plus bizarres, car nos amis, dans leur enthousiasme au début de ce passionnant voyage, s’offrirent le luxe de manger « à la carte » ! De là de vives contestations entre les deux amis. Après la confection du menu, ils se divertirent fort à contempler l’animation de la salle.

« Crois-tu que, parmi ces voyageurs, il y en ait qui cherchent le trésor de M. Toupie ? souffla tout bas Arthur à Charles.

— Peut-être…, peut-être ce jeune garçon qui se trouve avec ce monsieur tout rasé, là-bas, au fond de la pièce.

— Peut-être M. Toupie est-il lui-même ici ?

— Si c’était ce vieux monsieur qui est assis dans le coin auprès d’une dame âgée ?

M. Toupie doit être célibataire.

— Pourquoi ? dit Arthur tout étonné.

— Parce que l’on ne peut penser à organiser un concours comme le sien que lorsqu’on est seul au monde. »

Cette pensée, aussi profonde que philosophique, plongea Arthur dans un abîme de réflexions.

Les deux amis se couchèrent très tôt, car ils étaient un peu fatigués. Charles écrivit un mot à son frère pour lui annoncer sa bonne arrivée et Arthur adressa une lettre bien tendre à sa mère.

« Tout de même, pensait-il, ce matin papa m’a un peu trop pressé et je n’ai pas assez embrassé maman en partant. »


DES AUTOMOBILISTES TROP COMPLAISANTS.


Comme Arthur aimait de temps à autre à faire la grasse matinée, il était convenu entre les deux amis que le lendemain il aurait toute liberté de se lever tard. Charles, au contraire, fut sur pied de bonne heure, car il voulait faire une promenade à bicyclette dans la ville. Il quitta l’hôtel alors qu’Arthur dormait encore paisiblement. Il traça les mots suivants sur un bout de papier : « Je serai de retour vers midi et demi pour le déjeuner, attends-moi. » Et ce bout de papier, il le piqua sur la casquette d’Arthur qu’il avait retrouvée sous une commode et qu’il plaça bien en évidence sur la table de la chambre. Monté sur sa bicyclette, il se rendit d’abord à la gare pour savoir l’heure des trains. Puis il parcourut toute la ville.

Près de l’Hôtel de ville, il aperçut deux jeunes garçons écoutant les explications données par un monsieur d’une trentaine d’années qui les accompagnait. Le groupe se dirigea ensuite vers la porte Mortelaise. Charles, en