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Page:Magdeleine du Genestoux Le trésor de Mr. Toupie - 1924.djvu/35

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DES AUTOMOBILISTES TROP COMPLAISANTS

tenant sa bicyclette par le guidon, les suivit sans qu’ils fissent attention à lui.

« Un précepteur et ses élèves sans doute, se dit Charles. Est-ce que l’un des jeunes garçons chercherait le trésor ? »

Il semblait à Charles que toute la France pensait au concours de M. Toupie. Les jeunes gens et leur guide se dirigèrent vers les quais de la Vilaine ; Charles les abandonna, dans la crainte d’être remarqué par eux s’il s’obstinait à les suivre.

Un peu après midi, Charles rentra ; il avait résolu de prendre un train vers trois heures, pour être vers cinq heures à Dol. Mais Arthur n’était pas à l’hôtel.

« Ah ! l’animal, se dit Charles, il est allé faire un tour comme moi. »

Il s’installa dans le hall pour attendre son ami. Un quart d’heure se passa, une demi-heure, pas d’Arthur. Charles regardait sa montre, jetait des regards du côté de l’entrée, se rasseyait. Enfin il demanda au portier :

« Mon ami est sorti ?

— Oui, monsieur… je crois… Oui, la clef de sa chambre est là ; » et il désignait le tableau auquel toutes les clefs étaient accrochées, chacune portant, découpé dans un disque de cuivre, un numéro.

Charles eut l’idée de monter dans la chambre. Que trouva-t-il ? Son bout de papier était toujours fixé sur la casquette ! Arthur n’avait même pas touché celle-ci.

« Voilà. Il est sorti sans casquette. Quand diable reviendra-t-il ? »

Il descendit et se fit servir à déjeuner, parce qu’il avait très faim. En entrant dans la salle à manger, il aperçut les jeunes gens qu’il avait rencontrés au cours de sa promenade et celui qu’il estimait être leur précepteur.

Cette nouvelle rencontre ranima ses inquiétudes. Il s’agissait de savoir quel était le but du voyage de ce groupe.

Et Arthur qui ne venait toujours pas !

Charles commençait à avoir un peu d’appréhension. Arthur n’était plus un bambin, évidemment, mais pouvait-on prévoir où l’entraînerait son étourderie ? Et Charles sentait qu’il était un peu responsable de son ami.

À deux heures et demie, Arthur n’était pas encore là. Impossible de prendre le train. Alors Charles se décida à aller à la recherche d’Arthur. Au moment où il allait franchir le seuil de la porte, un domestique de l’hôtel l’arrêta :

« Monsieur Lefrançois, on vous demande au téléphone. »


l’automobile s’éloignait, laissant
arthur, tout penaud, sur la route

Charles se précipita, saisit le récepteur.

« Allo ! c’est toi, Arthur ?

— …

— Oui, j’ai déjeuné… Où es tu ?

— …

— Tu es à Cancale ! Comment y es- tu allé ?

— …

— Avec qui ? Je n’entends pas.

— …

— Ah ! avec trois Anglais… en auto !

— …

— … Tu rentres… tu seras là dans une heure ?

— …

— Bon. Je serai à l’hôtel… Mais quelle frousse tu m’as donnée ! »

Charles raccrocha le récepteur. Quel étourneau que cet Arthur ! Aller à Cancale ! Avait-il cru qu’à Cancale il trouverait le trésor, là où il n’y a que des parcs à huîtres ? Et se laisser entraîner par des gens qu’il ne connaissait pas ! Enfin il allait revenir. Mais Charles se promit de ne plus le quitter. En attendant il alla flâner, revoir l’Hôtel de ville, les vieilles maisons, et revint, espérant retrouver Arthur mais Arthur n’était pas encore de retour.

Il commençait à être sérieusement inquiet, quand tout à coup un bruit de voiture le fit se précipiter à la fenêtre. Que vit-il ? Une carriole traînée par un cheval blanc harnaché moitié