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LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

de cuir noir, moitié de cuir rouge, le cou entouré d’un collier de clochettes, et conduit par une paysanne vêtue d’un costume breton : fichu de laine noire à franges croisé sur la poitrine, tablier de soie noire, petite coiffe sur le sommet de la tête, fixée par un étroit ruban de velours sous le menton.

Tout en criant et en lançant, en patois, ce qui ne pouvait être que des injures, elle tenait Arthur par le bras, l’empêchant de descendre de la voiture. Arthur, les cheveux ébouriffés, blanc de poussière, le col de sa chemise ouvert, rouge comme un coq, criait aussi fort que la paysanne. Au bruit, plusieurs voyageurs sortirent de l’hôtel, et le portier se précipita, devancé par Charles qui voyait son ami dans la plus ridicule des situations.


charles parcourut les rues de rennes.

« Qu’y a-t-il ? » demanda-t-il.

La Bretonne répondit dans son patois. Arthur cria :

« Laissez-moi descendre, vieille folle :

— Voyons, Arthur !

— Laissez ce jeune homme descendre, » dit sévèrement le portier à la paysanne.

Elle obéit de mauvaise grâce, lâcha le bras d’Arthur qui sauta à terre en rajustant son col et sa veste.

« Paye cette femme que j’ai rencontrée à quelques kilomètres d’ici, dit-il à Charles. Donne-lui vingt francs. Je les lui ai promis. On m’a volé mon argent. Je n’ai plus un sou sur moi.

— Voilà vos vingt francs, dit Charles en tirant son portefeuille. Mais quelles raisons aviez-vous d’insulter mon ami ?

— Eh ! Est-ce que je savais s’il me payerait ? Je le trouve sur la route : il me demande de le laisser monter dans ma carriole. Eh oui, que je réponds, mais faudra me payer. Ben sûr, qu’il dit… Mais en chemin il m’a dit qu’il n’avait plus d’argent, qu’on l’avait volé… Alors, moi, ça m’a tourné le sang…

— C’est bon ! C’est bon ! dit le portier. Vous avez votre argent. Détalez et plus vite que ça… »

La paysanne saisit les brides de son cheval.

« Hue ! Dia ! » et la bonne femme partit en lançant sa bête au grand trot.

Pendant ce temps Charles entraînait Arthur dans sa chambre. Il était inutile de mettre les voyageurs de l’hôtel au courant de leurs aventures. Charles était prudent et il se méfiait de l’étourderie de son ami.

« Eh bien ! me diras-tu ce qui t’est arrivé ? demanda-t-il dès qu’il eut fermé la porte derrière eux.

— Volontiers, mais je voudrais d’abord prendre un bain, si tu le permets.

— Tu as été volé ?

Oh ! là ! là ! plus un sou… Attends. je prépare le bain. »

Tout en parlant, Arthur, qui était passé dans le cabinet de toilette, ouvrait les robinets d’eau chaude d’eau froide et quittait ses vêtements.

« Écoute l’histoire. Quand je me suis réveillé ce matin, je t’ai appelé. Pas de réponse. Tu étais parti. (Arthur lança un de ses souliers à travers la pièce.) Je me lève furieux. « Cet animal, pensai-je, il a filé à l’anglaise ; c’est bon, je me vengerai… Il aurait bien pu me prévenir. »

— Mais j’avais épinglé un mot sur ta casquette !