Page:Magdeleine du Genestoux Le trésor de Mr. Toupie - 1924.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
DANS LES PYRÉNÉES

De son côté, Arthur racontait à ses parents ses aventures et comment il avait été dévalisé par des pickpockets au cours de sa randonnée à Cancale. Sa mère se prodigua, elle aussi, en recommandations.

« Oh ! maman, s’écria Arthur, sois sans crainte, Charles ne me quitte plus. »

Après s’être bien reposés, avoir garni leurs valises de nouveaux vêtements, fait remettre en état leurs bicyclettes, nos amis décidèrent de ne pas s’attarder davantage dans les « homes » confortables de leurs familles. Deux jours après leur arrivée à Versailles, ils prirent le train de Bordeaux, où ils couchèrent une nuit et qu’ils quittèrent le lendemain matin afin d’être à Tarbes dans l’après-midi.

Le pays qu’ils traversaient différait profondément de la Bretagne. On ne voyait au loin ni rochers gris, ni landes de bruyères roses où s’élèvent menhirs, calvaires, villages aux toits bas.

La campagne était plus souriante, plus riche en cultures, et lorsque les deux jeunes gens virent tout à coup à l’horizon la silhouette bleue des Pyrénées, ils restèrent un moment muets d’admiration.

« Ah ! vraiment, nous en voyons de beaux pays ! » s’écria Arthur tandis que Charles pensait en lui-même, avec reconnaissance, que c’était grâce à son cher camarade Arthur qu’il faisait ce magnifique voyage.

Les Gascons leur paraissaient plus gais que les Bretons qui, sans être tristes, sont rendus graves et sévères par le spectacle de l’Océan, de ses horizons immenses, ou par la monotonie des landes.

Les gens du Midi, exubérants, aux gestes prompts et vifs, à la parole abondante et facile, les faisaient rire souvent par mille traits plaisants.

À peine avait-il quitté Bordeaux que Charles s’aperçut de ce changement de caractère. Des voyageurs leur parlèrent sans les connaître, racontant leurs affaires.

Complaisants, les méridionaux sont des compagnons de route fort agréables ; ils font de la place aux voyageurs qui n’en trouvent pas, les aident à mettre leurs bagages dans les filets du wagon, de sorte que la bonne humeur règne autour d’eux.

Dès qu’Arthur eut exprimé son admiration pour le paysage que l’on traversait, un voyageur prit la parole :

« Eh ! messieurs, c’est la première fois que vous venez par ici ?

— Oui, répondit Arthur.


arthur raconta à sa mère son aventure de cancale.

— Oh ! alors… Vous vous rendez à Tarbes ? Oui… Mais, pour contempler les sites les plus célèbres, il faut aller dans le cœur même des Pyrénées, à Lourdes, à Bagnères, à Argelès…

— Justement nous allons à Argelès, s’écria Arthur qui se mordit la lèvre aussitôt la phrase dite, car Charles lui avait recommandé de ne pas faire connaître le lieu où ils se rendaient.

— Ah ?… Et vous connaissez un hôtel ?

— Oui, » répondit Charles.

Mais le voyageur ne prit pas garde au ton sec de son interlocuteur et il continua :

« Allez à l’hôtel de l’Isard, c’est le meilleur de la ville. D’abord il se trouve dans une admirable situation et puis, outre le confort moderne, il possède un service admirable d’autocars, qui font chaque jour le service dans les parties les plus vantées et les plus