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Page:Magdeleine du Genestoux Le trésor de Mr. Toupie - 1924.djvu/9

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À LA SORTIE DU LYCÉE

aimer à voyager, qui, jadis, voulais être explorateur, voilà l’occasion ou jamais de tenter l’aventure… Les vacances sont proches, tu pourrais les employer à chercher le trésor… sans compter que tu ne risques pas d’être mangé par les sauvages, puisque le trésor est en France. Moi, lorsque j’ai lu ça ce matin pendant que je buvais mon chocolat, j’ai tout de suite pensé à toi.

— Oh ! s’écria Charles, je te remercie, tu es vraiment mon meilleur camarade… Mais, au premier moment, je ne vois que les difficultés… et puis, pourquoi ne vas-tu pas faire cette découverte toi-même ?…

— Oh ! moi… d’abord… (Arthur s’arrêta en rougissant : n’allait-il pas laisser échapper cette réflexion : moi, je n’ai pas besoin du trésor, tandis que toi qui n’as pas de fortune…) d’abord, si tu le cherches, j’irai avec toi.

— Merci, s’écria Charles qui avait lu dans les veux d’Arthur toute sa pensée, merci… laisse-moi réfléchir. Nous en reparlerons ce soir… après la classe… Veux-tu ? »

Les deux amis continuèrent leur chemin en silence. Arthur Treillard demeurait dans un très vieil hôtel de la rue Saint-Louis, tandis que Charles habitait dans un petit appartement de la rue de l’Orangerie, tout près de l’entrée du parc.

« À tout à l’heure, dit Charles en serrant fortement la main d’Arthur.

— À tout à l’heure ! Garde le Coq gaulois, je te le donne. »

Arthur s’engouffra sous le vieux porche de l’hôtel de ses parents. Il était fils unique et avait l’existence d’un garçon privilégié dont tous les désirs peuvent être facilement satisfaits.

Charles Lefrançois, au contraire, avait, tout jeune, perdu ses parents. Il allait sur ses quatorze ans et vivait avec son frère aîné, Louis, âgé de vingt-cinq ans, qui venait d’obtenir son diplôme de docteur en médecine. À son grand regret, ce dernier n’avait pas poussé jusqu’à l’internat des Hôpitaux. Ne possédant qu’un petit capital, il s’était décidé à s’établir à Versailles et à s’y faire une clientèle, afin de permettre à son jeune frère de terminer ses études et d’entrer dans une école : Polytechnique. Centrale ou Normale.

Tandis qu’il suivait la rue solitaire de l’Orangerie. Charles songeait à tout ce que venait de lui dire son camarade. Comme ce trésor de M. Toupie serait le bienvenu chez eux ! Sans remords, il terminerait ses études, car il savait bien que c’était seulement grâce aux sacrifices sans nombre de son frère, qu’il avait jusqu’ici poursuivi ses études.


la pluie tombait à torrents.

Oui… mais comment trouver ce trésor ? Il faudrait parcourir la France, dépenser beaucoup d’argent, perdre des mois, et encore le trouverait-il, lui, Charles ? Les conditions de ce concours allaient être lues par des milliers de jeunes garçons en France. Ces milliers de jeunes garçons seraient tentés comme lui de se mettre en campagne… Alors ? Après tout, pourquoi d’autres et non pas lui ? Ce serait d’abord amusant à étudier les données de l’énigme, et puis, après, il verrait bien s’il avait eu quelque perspicacité…