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LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

Charles prit sa carte et son guide et reconnut qu’il s’agissait des ruines du château de Lassalme, abandonné dès la fin du moyen âge.

« Récapitulons, se dit-il. D’ici, je vois le Puy où se trouvent une Vierge sur un rocher, une église ancienne de pur style, une — voire plusieurs — maisons à toit pointu, dont la porte forme une arcade. Une rivière, le Dolézon, coule à trois kilomètres d’ici.

« Cette route est peu fréquentée ou je ne m’y connais pas.

« Ma vue s’étend sur des arbres et des rochers… Ah ! oui… mais ce diable de lac !… Je sais bien qu’il y a le lac du Bouchet, mais je ne l’aperçois pas d’ici. »

Tout à coup, les mots prononcés par Arthur, au moment du départ : « Grimpe !… grimpe !… » sonnèrent à ses oreilles.

« Je suis monté jusqu’à hauteur du village, songeait-il. Où pourrais-je encore grimper ? Ah ! j’y pense, sur un de ces hauts peupliers, peut-être que de là ?… »

Rapidement, il fut au pied des peupliers.

Il posa sa bicyclette à terre, enleva prestement sa veste et se mit en devoir de monter sur le plus haut des arbres, élancé d’un seul jet vers le ciel bleu, et qui pouvait bien mesurer une vingtaine de mètres.

Charles était très entraîné à la gymnastique et il ne craignait pas le vertige.

Se glissant à travers le feuillage touffu du peuplier, il se hissa de branche en branche.

À une quinzaine de mètres de hauteur, il s’arrêta, reprit son haleine, s’orienta et dirigea ses regards du côté du lac du Bouchet, mais il ne vit rien.

Avec encore plus d’ardeur, il poursuivit son ascension de quelques mètres et s’arrêta de nouveau.

Le tronc du peuplier était devenu très mince ; Charles, qui le sentait osciller de façon inquiétante, jugea qu’il ne pouvait dépasser ce niveau sans danger.

Solidement agrippé aux branches, il détourna lentement la tête… Victoire !

Là-bas, sous les rayons du soleil qui déjà déclinait, les eaux du lac miroitaient…

Avec l’agilité d’un écureuil, le chercheur de trésor dégringola de l’arbre au risque d’endommager sa culotte, ramassa sa bicyclette et galopa littéralement vers les ruines du château de Lassalme.

« À cinq cents mètres environ des ruines, pensait-il, je dois trouver la maisonnette mentionnée au point 10. Où trouver cette maisonnette, sinon du côté du village de Roques ? Allons donc vers Roques. »

À grandes enjambées, il mesurait approximativement le chemin parcouru, Il rencontra la route « peu fréquentée » et la suivit, car elle menait à Roques.

Après avoir parcouru à peu près quatre cents mètres, il éleva ses regards qu’il avait jusque-là dirigés vers le sol.

Ô joie ! Devant lui, une maisonnette édifiée en avant de Roques, dans une situation isolée, s’offrait à lui : de construction rustique, elle présentait apparence de ferme.

Charles s’arrêta, le cœur battant, l’esprit en feu, et regarda, regarda longuement. À droite de cette maisonnette se dressait le peuplier dont il avait si audacieusement atteint le sommet.

De l’autre côté de la route, une autre petite maison campagnarde, isolée elle aussi, se montrait quand on se tournait vers le Nord-Nord-Est. Enfin, trois marches donnaient accès à sa porte étroite.

« Cette fois, ça y est ! cria Charles tout haut.

Le trésor doit être dans le verger dont j’aperçois les arbres fruitiers au-dessus de ce mur et qui se trouve entre le peuplier et la maisonnette…

Mais voyons qui habite dans cette dernière… »

Il courut, frappa à la porte.

« Pan ! Pan ! Pan ! »

Charles entendit un aboiement. Puis la porte s’ouvrit et un vieux monsieur à cheveux blancs se dressa devant lui.

« Monsieur Toupie ? demanda Charles avec un petit tremblement dans la voix.

— C’est moi ! »