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Page:Magdeleine du Genestoux Le trésor de Mr. Toupie - 1924.djvu/93

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OÙ TOUT LE MONDE EST HEUREUX


Lorsque Charles eut pénétré chez M. Toupie, celui-ci le félicita tout d’abord de sa persévérance et de l’idée ingénieuse qu’il avait eue de monter sur l’arbre.

« Je vous suivais des yeux et j’ai applaudi… Vous ne vous imaginez pas combien de gens sont arrivés ici, touchant le but et s’éloignant, ne pouvant pas découvrir le lac.

— Oh ! vous savez… c’est une idée d’Arthur.

— Arthur ? Mais vous êtes seul ? Qui est Arthur ? demanda M. Toupie, feignant l’étonnement.

— Arthur, c’est mon ami ; grâce à lui, j’ai pu concourir. Il a eu toutes les bonnes idées. Il m’a conduit ici : enfin c’est un ami unique.

— Vous lui êtes reconnaissant ?

— Oh ! oui. »

Charles était si ému qu’il pouvait à peine parler. Bien que depuis trois mois il eût sans cesse pensé au concours, cette découverte était si soudaine qu’il ne pouvait y croire et, saisi d’étonnement, il considérait M. Toupie.

M. Toupie était un grand vieillard, à la barbe et aux cheveux blancs, aux yeux bleus très doux. Il était vêtu de noir, une chaîne d’or retenait sa montre et d’une de ses mains il caressait son chien, un superbe saint-bernard qui appuyait sa tête sur ses genoux.

« Permettez-moi une question, dit Charles après quelques instants de silence ; le trésor, n’est-ce pas, est dans le verger ?

— Oui, répondit M. Toupie, il est là. Dans ce verger débouche un souterrain qui, autrefois, devait communiquer avec le château de Lassalm. Le trésor, enfermé dans une cassette de fer, est caché dans ce souterrain. Je vais vous y conduire. »

M. Toupie et Charles, suivis du saint-bernard, sortirent de la maison et se dirigèrent vers le verger. M. Toupie, avec sa canne, écarta des ronces et des broussailles et Charles vit une petite trappe en fer toute couverte de rouille. Il se baissa, tandis que le chien passait sa tête sous son bras et reniflait avec force. Charles souleva un loquet, tira à lui la trappe et vit une petite cassette.

« C’est le trésor ? s’écria-t-il avec joie.

— Oui, mon enfant, il est à vous. »

Tandis qu’ils se dirigeaient de nouveau vers la maison, M. Toupie expliqua à Charles pourquoi il avait organisé le concours.

« J’ai perdu, dit-il, il y a longtemps, très longtemps, un fils très bon, très intelligent ; je ne m’en suis jamais consolé… Aussi me suis-je toujours occupé des jeunes garçons de votre âge. J’avais un ami et les neveux de cet ami…


la route était déserte.

M. Procope ! — Oui, Procope… ou plutôt Jacques Balman, car Procope est un pseudonyme qu’il a pris récemment… C’est un garçon ingrat, méchant… mais vous le connaissez, et il élève mal les enfants dont il a la garde. Je ne puis rien faire pour lui… Après un dernier fait inqualifiable, je me suis promis de ne plus m’occuper de lui et de l’oublier… C’est alors que j’ai organisé ce concours. Procope a fait l’impossible pour empêcher des concurrents de réussir : il a cherché à les égarer, et a indiqué de fausses pistes. Mais, je vous le