Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/122

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son village. On la retint malgré elle, et désormais elle n’éprouva que des malheurs. Blessée au siège de Paris, elle fut prise devant Compiègne le 24 juin 1430. Un gentilhomme bourguignon, Jean de Ligny, l’acheta à celui qui l’avait prise, et la vendit aux Anglais, qui l’enfermèrent à Rouen, et lui firent son procès comme sorcière et hérétique. Ses juges voulaient la prendre par ses parlotes, et lui faire dire quelque mot hérétique. Mais ses réponses claires, simples et d’un sublime bon sens, déjouèrent tous les pièges qu’on lui tendit : « L’espérance de vaincre était-elle fondée en votre étendard ou en vous ? — Elle était fondée en Notre-Seigœur et non ailleurs. — Faisiez-vous croire aux troupes françaises que cet étendard portait bonheur ? — Je ne faisais rien croire, je disais aux soldats français : Entrez hardiment au milieu des Anglais, et j’y entrais moi-même. — Dieu déteste-il les Anglais ? — De l’amour ou haine que Dieu à pour les Anglais et ce qu’il fait de leurs âmes, je m’en sais rien ; mais je sais bien qu’ils seront mis hors de France, sauf ceux qui y périront. » On la déclara néanmoins coupable de sorcellerie, afin de faire passer toutes ses victoires pour l’œuvre du diable. On la somma d’abjurer ses erreurs ; ce qu’on lui demandait comme abjuration, était peu de chose : ne plus porter d’habit d’homme, renoncer aux armes et laisser croître ses cheveux. Elle signa d’une croix ; mais, comme elle ne savait pas lire, il se trouva qu’elle signait une déclaration par laquelle elle se reconnaissait dissolue, hérétique, schismatique idolâtre, séditieuse, invocatrice des démons et sorcière. Elle fut donc condamnée à la captivité perpétuelle. Ce châtiment ne suffisant pas encore aux Anglais, on trouva moyen de lui faire revêtir pour un moment des habits d’homme, et, surprise en cet état par des témoins apostès, elle fut condamnée au feu comme relapse. La sentence fut exécutée sur la place du Vieux-Marché à Rouen. Jeanne expira en prononçant le nom de Jésus, 30 mai 1431.

226. fin de la guerre de cent ans, 1452. — Un secrétaire du roi d’Angleterre disait tout haut en reve-