debout. Elle signa la paix de St-Germain, qu’on appela la paix boiteuse et mal assise[1], et que les huguenots qualifièrent plus tard de vrai coupe-gorge, quand ils aperçurent le piège affreux que leur avait tendu la reine-mère. Amnistie générale, libre exercice du calvinisme, qualre places de sûreté, la Rochelle, Montauban, Cognac et la Charité : tels furent les avantages qu’on accorda aux protestants. Leur chef le jeune roi de Navarre devait en outre épouser Marguerite de Valois, fille de Catherine et sœur du roi.
298. mort de jeanne d’albret. — Une année se passa dans une trompeuse sécurité. Au commencement de l’année suivante (1572), on prépara les fêtes du mariage qui devait réconcilier, disait-on, les catholiques et les protestants et rendre pour toujours la paix à la France. Tous les princes furent mandés à la cour. On fit bon accueil aux chefs des huguenots ; on leur prodigua les caresses et les prévenances ; ils ne trouvèrent que des visages ouverts et amis, et toutes leurs défiances disparurent. Mais voilà qu’au mois de juin, Jeanne d’Albret meurt subitement, à quarante-quatre ans, sans avoir été malade. On crie à la trahison ; on dit que Jeanne a été empoisonnée par des gants parfumés que lui a vendus le fournisseur de la cour. Le roi ordonne l’autopsie du cadavre, et rien ne prouve que cette mort soit le résultat d’un crime. Sur ces entrefaites, Henri de Navarre arrive à Paris, et, le 18 août, il épouse à Notre-Dame la sœur du roi. Au milieu même de la cérémonie, la foule catholique crie déjà sur la place : « Mort aux huguenots ! » Enfin, le 22 du même mois, Coligny, en sortant du Louvre, est blessé au bras d’un coup d’arquebuse tiré par Maurevel, assassin aux gages du nouveau duc de Guise. Charles IX se hâte de lui rendre visite, et s’écrie : « Mon père, la blessure est pour vous, mais la douleur est pour moi. » Et il promet de le venger.
- ↑ Ainsi nommée parce qu’elle fut négociée par le sire de Biron qui était boiteux, et le sire de Mesmes, seigneur du Malassise.